Brune, yeux marron, peau matte
Fine, menue, d’après elle, « elle s’éclate »
Vivant pour la mode et les chaussures à talons polis
Travaillant dans le « marketing », elle est son meilleur produit
Son paréo bleu ciel est parfaitement assortit à son maillot blanc et à la serviette bleu cobalt prêtée par l’hôtel. Anne-Sophie suit gracieusement les mouvements de l’animatrice. Le cours de stretching est basique. La plupart des filles ne font pas de sport en dehors des vacances. Anne Sophie profite de son avantage pour faire cheque mouvement à fond. Elle s’étire comme un chat, descend jusqu’au sol qu’elle touche aisément de ses mains manucurées. Elle devine les regards envieux des autres, moins jolies et moins gracieuses qu’elle. Du reste toutes ses femmes sont fagotées comme des sacs. Ce n’est pas parce qu’on est en vacances que l’on doit se négliger !
Le cours finit, Anne-Sophie travaille sa couleur toute la matinée au bord de la piscine. Lorsque le cours d’aquagym s’amorce, elle sait qu’il est l’heure d’aller déjeuner.
Anne Sophie ne fait pas d’aquagym parce que le chlore de la piscine est mauvais pour sa peau.
L’après midi se passe, plein de langueur, au bord de la plage. Les quelques jeunes hommes célibataires de l’hôtel club sont au bar ou font du Beach volley. Anne Sophie fait quelques allés-retours de l’un à l’autre, son cocktail coloré à la main.
Enfin, la soirée s’approche. Anne-Sophie retourne à sa chambre à 17h30. Le temps d’une douche, elle se prépare. A 19h, après un dernier coup de pinceau, elle rejoint le hall de l’hôtel, où se trouvent déjà quelques jeunes hommes entrevus l’après midi. Elle s’assoit sur l’un des grands canapés, à un demi-mètre de deux gars appétissants. Un regard appuyé, et la conversation s’engage. Des provinciaux. En attendant les jeux de l’apéritif, Anne-Sophie leur raconte tout ce que sa vie a de formidable et d’excitant à Paris.
Lorsque les portes de la salle de jeux/discothèque s’ouvrent, les garçons partent dans la direction opposée à celle qu’elle emprunte. Anne Sophie s’assied sur un tabouret de bar, sa robe légère ondulant gracieusement autour d’elle. Le jeu est dansant, cela lui permet de montrer à tous son talent pour le rock.
C’est un jeune couple qui remporte le prix : une séance au spa de l’hôtel. Tant pis : elle s’offrira elle-même un massage Maya.
Anne-Sophie rejoint la salle à manger. Elle accepte un verre de vin blanc du serveur. A la table à côté, deux jeunes trentenaires, plus bourgeoises que bohème. Elles discutent à bâton rompu. De nombreux acronymes dans leur conversation. Quelque chose a propos de norme DPS et de PS-quelque-chose ? Anne Sophie ne suit pas bien. Elle attend Nabil.
Quelques minutes passent. La brune et la blonde se sont déjà resservies au buffet. Anne Sophie se lève, va choisir une entrée au buffet, revient à sa table.
L’une des deux filles, la blonde, se retourne vers elle, hésitante.
« Est-ce que tu veux dîner avec nous ? » propose-t-elle en souriant. A peine maquillés, ses yeux clairs sont magnifiques. Quel dommage qu’elle ne prenne pas plus soin de sa personne, elle pourrait être belle, elle aussi, si elle le voudrait. Anne Sophie hésite presque.
« Non merci », répond-t-elle, « l’un des animateurs vient dîner avec moi ». La blonde sourit. La brune aussi. Les deux amies se regardent, hochent la tête l’une vers l’autre sans parole. Elle ne sont pas surprises. Jalouses de ne pas avoir attiré l’attention d’un animateur de 19 ans…
Anne-Sophie donnerait beaucoup de chose en échange d’une amie qui partagerait un regard entendu avec elle.