Doré
Se tient droit
Avec une épée
Il se voit
Instantané
L’Enveloppe dans la poche intérieure de son smoking, Tonio entra en scène. Ses cheveux noirs étaient plaqués en arrière au gel. L’habit de pingouin atténuait sa sensualité sauvage, lui donnant un air presque domestiqué. Il gagnait en noblesse ce qu’il laissait en masculinité.
Des mains invisibles avait placé la statuette sur le pupitre.
Tonio posa ses mains de chaque côté. Malgré son sourire, il était tendu. Il était sensé être neutre. Pourtant ses tripes se tordaient en lui. Que l’Académie lui ait demandé de remettre la récompense lui donnait le fol espoir que le nom sur le carton soit celui de Pedro.
Les lumières baissèrent.
Dans un état second, Tonio lu les cinq titres de films et les cinq noms des réalisateurs.
Les lumières revinrent.
Tonio sortit l’enveloppe de sa poche. L’ouvrit d’un geste nerveux, attrapa le carton. Sa vision était trouble. La peur de la suggestion, il lut plusieurs fois le nom inscrit avant de le clamer au microphone.
Aussi ému que son ami, Tonio accueillit Pedro sur l’avant scène. Pedro le prit dans ses bras, le serrant très fort, dans un élan au relent de passé. L’envie de s’embrasser les submergeaient tous les deux. Mais ils résistèrent. Les américains ne comprendraient pas.
Au bord des larmes, regardant son ancien amant remercier l’Académie pour cet Oscar, Tonio mesura le chemin parcouru par deux petits castillans ambitieux.