La journée debout et souriante,
Derrière en comptoir en Formica,
Aimable et avenante
Elle sert des repas
Personnage secondaire
Situé à l’angle de deux rues, le bistrot s’appelle tout simplement "le Carrefour". Les murs crépis, les appliques "bougies" en bois, les nappes vieux rose et les cadres défraichis sont posés là depuis une éternité. L’endroit est vieillot, immobile dans une banlieue ou les enseignes changent quotidiennement. Il est simple, vaguement kitch. Accueillant.
Derrière le petit comptoir en formica, Sandra. Des cheveux courts et blancs encadrent sont visage marqué au regard sombre et doux. Elle porte une blouse sombre sur son chemisier clair. Ses lèvres rouge carmin représentent son unique coquetterie. Devant le bar, une paire d’artisans du coin. Ces deux hommes viennent déjeuner chez elle quotidiennement depuis dix-sept ans. Et chaque jour, ils se disputent, parfois violemment, jusqu’à l’insulte. Une fois, le peintre est partit du troquet en claquant la porte et n’est pas revenu de la semaine. Elle a continué à servir le plombier triste et solitaire en lui causant de la pluie et du beau temps.
Tout les jours, à douze heure dix, le fils de Sandra vient prêter main forte pour le service du déjeuner. Sans lui, elle aurait laissé tomber depuis longtemps. Elle aime le voir circuler entre les tables, plaisanter avec les clients, asticoter sa cuisinière. Mais elle voit la fatigue s’installer dans ses traits.
Bientôt ce sera finit. Un homme lui a racheté son troquet. Une offre inespérée. Une offre qu’elle ne pouvait refuser. Une offre qui lui permettra de laisser quelque chose à son fils et ses petits enfants.
Sandra va déménager.
Sandra s’en veut de laisser tomber ses clients.