
Connait déjà la prison
La fatalité de ce monde
Est sa bénédiction.
Le vacarme, et la porte qui s’est ouverte.
Théodore est libre.
Cela fait dix-neuf mois qu’il n’a pu faire plus de cent mètres dans la même direction.
Lorsqu’il a franchit le seuil délaissé de la prison, Théodore s’est mit a courir.
Droit devant.
Aussi vite qu’il le pouvait.
La soif l’a arrêté.
Il a regardé autour de lui. A vu. Les gravas, la désolation, les gens qui appelaient leur maison comme si elle pouvait leur répondre. La nuit qui tombait sans que les lumières ne s’allument.
Il comprit que sa liberté venait d’un drame.
Marrant !
Une femme couverte de poussière distribuait de l’eau aux gens dans la rue. Théodore en profita.
La faim le tenaillait maintenant. Il se planqua à l’arrière d’une maison pas trop abimée. Rapidement, il pu profiter de l’inattention des habitants pour récupérer des fruits et un plat de riz dans la cuisine. Au passage, il attrapa un téléphone mobile oublié sur une table.
Le téléphone ne fonctionnait pas, il ne trouvait pas le réseau. Théodore le jeta contre un mur.
Il faisait nuit noire maintenant. Les habitants de Port-au-Prince se préparaient à camper dans la rue.
Une fille passa devant lui. Théodore la suivit. Elle portait une robe a fleur couverte de poussière grise. Hagarde, elle marchait lentement, sans but. La rattrapper et la neutraliser fut un jeu d’enfant pour le jeune homme.
Théodore jouit bruyamment avant de se laisser tomber sur la jeune fille. Il avait eu un peu de mal à la pénêtrer cette pétasse pucelle. Mais cela avait été tellement bon. Sous lui la fillette était immobile. Pas un bruit. Pas un cri. Juste des larmes qui ruisselaient. Théodore rit et lui lécha la joue. Elle ne se débattait même pas.
« Dieu, ce que la vie est belle ! » se dit-il.
Nota : Suite au séïsme en Haïti, au moins 4.000 détenus se sont échappés de la prison de Port-au-Prince. La grande majorité est en liberté aujourd’hui, quelque part en Haïti ou ailleurs.