"Souvent une évolution est une révolution sans en avoir l'R."
Pierre-Henri Cami (1884 - 1958)
Humoriste et dessinateur français
Vous êtes sur un blog d'écriture qui a connu plusieurs mutations. Ce blog suit ma route depuis de nombreuses années désormais, perdant ou gagnant du contenu au gré des vents et de ma météo intérieure.
Cette route me plait, son paysage est plutot sympathique, parfois surprenant, burlesque ou inatendu, mais toujours intéressant, enrichissant à mes yeux.
Mi 2010 la route a biffurqué en angle droit, changeant brusquement d'orientation, de paysage et de destination. Le nouveau décor est si riche que je lui dois
toute mon attention. Cela implique moins de temps pour écrire ici, faisant mentir en ligne ma devise "Nulla Dies Sin Linea".
Presque 5 années ont passées. Une pause dans laquelle j'ai vécu tout plein de belles choses qui, si elle m'ont enrichie, m'ont éloignée de l'écriture. Aujourd'hui j'ai d'autres priorités : Ririe
(née en 2012), Fifi (né en 2013) et Loulou (né en 2015)... sans oublier leur géniteur "l'homme".
Mais l'envie est toujours là, alors pourquoi ne pas reprendre un peu le voyage ? Je ne promets pas de faire du quotidien, juste d'essayer de reprendre mon carnet de croquis... peut être un peu
différemment ?
Cordialement,
CMASC,
aka Sylvia George
Photo, peinture ou dessin, les portraits m'intéressent depuis longtemps.
Que sait-on d'un personnage, face à son image ?
Que disent les lignes ?
Que cachent-elles ?
Je vous propose une expérience : chaque jour, à heure fixe, apparaît un nouvel article, portrait d'une personne réelle ou rêvée.
Découvrez portraits croqués différement, par les mots plutôt que par les images. Acceptez cette invitation à un voyage dans l'imaginaire.
Et profitez bien du paysage...
"Souvent une évolution est une révolution sans en avoir l'R."
Pierre-Henri Cami (1884 - 1958)
Humoriste et dessinateur français
Pute noire
Sur le trottoir
Tous les soirs
Sans espoir
Augustine se rajusta et descendit de la voiture, les billets cachés dans son poing serré. Mamabé lui fit un sourire. La jeune fille alla la rejoindre sous l’abri bus, où Mambé attendait avec les autres mamas. Elle lui tendit les billets froissés. Mamabé les lissa du plat de la main avant de les mettre dans son cabat, entre un poulet frais et un coupon de tissu coloré.
- « Bonne petite », dit-elle avant de la congédier d’un geste.
Augustine reprit le trottoir. Sa jupe blanche la serrait de plus en plus. À chaque pas, elle sentait la ceinture lui rentrer dans le ventre. Sa cheville droite lui faisait mal depuis l’autre jour, quand elle se l’était tordue en courant. Elle leva les yeux un instant. Le ciel gris promettait l’installation de la pluie, encore une fois.
Une voiture ralentit, à quelques mètres d’elle. Dina fut plus rapide. Le client l’embarqua.
Augustine n’osa pas regarder en direction de Mamabé. Se faire griller par une fille de Mama Célia, la honte. Ces pétasses du Burkina ne savent même pas se laver ou parler correctement. Dans l’ensemble, Mamabé n’était pas trop dure comparé aux autres mamas, elle ne frappait que si elle était obligée de montrer son autorité auprès d’une nouvelle fille ou d’une récalcitrante. Sa nourriture était presque acceptable.
Affamée, Augustine marchait en rêvant de son pays. La terre rouge. Le ciel bleu. Les chèvres. Les galettes de millet et de maïs que préparaient ses mères. Les chants, du matin au soir. Ici, tout était gris. La pluie, le froid. Depuis qu’elle avait quitté son pays, elle n’avait pas l’impression d’avoir vu le soleil. Et rien n’était vrai : les lumières électriques clignotantes, les filles souriantes sur les panneaux publicitaires, les odeurs chimiques. Et puis ce gâchis, partout. huit mois de vie chez les occidentaux, elle n’arrivait pas à s’y faire.
Mais surtout, il y avait ces hommes blancs. Cette peau pâle, transparente. Qui sent bizarre. Peu attirée au départ, Augustine avait de plus en plus de mal à cacher son croissant dégoût. Tiens, rien que son dernier client. Il avait un sexe aussi frêle qu’une tige de riz. Même pas circoncit !
Elle avait envie de vomir, rien que d’y penser.
Une voiture ralentit, s’arrêta à sa hauteur. La vitre côté passager descendit. Augustine se pencha à la portière, esquissant un sourire au monsieur, sans même le regarder.
- « La pipe ou l’amour ? » demanda-t-elle.
Pour en savoir plus sur le sujet... le site de Amnesty International
" Un style est ce qui décourage le plagiat et tente le pastiche. "
Robert Sabatier
Extrait de Le Livre de la déraison souriante
Souvenir Proustien cocasse, inattendu !
Baiser de l’enfance, oubli de mémoire,
Sous un linge masqué tout au fond de l’armoire,
Par son ton sur la langue est d’un coup revenu…
Marseille est beau sous son ciel bleu et son vent froid. Sur le flan gauche du vieux port, à mi pente, se trouve St Victor, église aux fondations anciennes et à l’orgue nouveau. La nuit s’approche quand elle sort de ce lieu magique. Son regard accroche la pancarte à l’angle de la rue Sainte : « four à Navettes ».
Navettes ?
Mot familier et intriguant de son enfance. Elle n’est pourtant pas marseillaise. Comment peut-elle connaître ?
Remontant la rue, elle s’approche de la boutique.
Jamais vu cette façade. Logique, elle n’est venue qu’une seule fois à Marseille dans sa vie. Il a plus de vingt-cinq ans. A l’Enterrement.
Elle était enfant.
La façade de bois peint la regarde, inconnue, étrangement familière, dans cette ville aussi originelle qu’exotique.
Cette odeur…
Elle pousse la porte.
… Fleurs d’oranger. A plein nez.
Sur un étal de la boutique, les navettes la regardent, forme connue de son enfance oubliée. Les tarifs peints, leur origine, quelque part du côté de la Chandler, les tomettes au sol : nous sommes au cœur de la cité Phocéenne.
Serviable, une vendeuse lui offre un bout de bois, l’autorisant à gouter cette spécialité.
Elle aime cette odeur... Enfourne le bout de pâtisserie... Doit se forcer pour ne pas recracher.
Ce goût la ramène loin, oh, loin… Dans un univers d’enfant obstiné et embarrassant. Un monde où l’on forçait à goûter les plats des grands parents. A sa plus grande horreur, malgré ses hauts de cœurs, elle devait enfourner les biscuits d’oranger, mâcher et avaler, à jamais dégoutée, ignobles navettes, vieille et terrible dette !
Pourquoi les cloches et les lapins cohabitent-ils dans les jardins pour la chasse aux oeufs de Pâques ?
Est-ce que les lapins sont une nouvelle mode destinée à gommer le côté religieux de Pâques ?
Autre question : Pourquoi des oeufs en chocolats pour Pâques ?
Si vous connaissez les réponses à ces questions autement philosophiques, la rubrique commentaire pourra m'instruire... Merci pour votre aide !
Celui qui doit être pendu à Pâques trouve le carême bien court.
Proverbe basque
Le génie est fait d'un pour cent d'inspiration et de quatre-vingt-dix-neuf pour cent de transpiration.
Thomas Edison
Extrait d'une interview dans Life
Sur le quai
Pas très gai
Par mégarde
Autour de toi, regarde.
Un matin froid et pluvieux dans ma banlieue. Mon costume s’assortit au macadam, à mes co-voyageurs et au mauvais temps. Nous sommes au moins cinquante hommes tristes au bord de la piste du train.
Mon baladeur vissé à mes oreilles, j’écoute une musique brutale et entraînante. Je baille. Ferme les yeux un court instant
Un bruit de pas me fait tourner la tête, change ma vie.
Elle est petite et fine, jeune, cheveux bouclés et robe marine. Un collier de perles autour du cou… Et des ballerines rouges aux pieds.
Elle avance vers moi, l’allure gracieuse, aussi légère qu’une danseuse. Ses chaussures rouge tranchent net mon ennui.
Elle me dépasse, sans me remarquer, costume gris au milieu des âmes grises. Elle va jusqu’au bout du quai. Le train arrive. Je me précipite pour monter dans la même voiture qu’elle. Effectue tout le trajet les yeux rivés sur ses chaussons rouges, cherchant désespérément un prétexte pour l’aborder, lui parler.
Je suis lâche. Me maudis toute la journée.
Ma Dorothée n’est pas réapparue les semaines qui suivirent. Le printemps revînt, des fleurs naquirent. Et puis l’été arriva de bon matin fin juin.
Debout sur le quai, tous les matins je l’attendais.
Et celui-là, enfin, elle vînt. Ses chaussures coquelicots rougissaient le bitume. Dorothée s’arrêta à deux mètres de moi, hésitante.
Rassemblant toutes mes forces, je fis un pas vers elle.
Dorothée sourit… Au costume gris derrière moi.
Une lettre suffit pour transformer la douceur en douleur.
Si une bonne âme peut me donner la technique pour réduire la taille de la colonne de droite d'un blog overblog à 3 colonnes, j'aprécierais grandement... (contact via le formulaire ou les commentaires aux articles)