Monter, descendre
Bouger, aller nulle part
Immobile, attendre
Le prochain départ
Le RER est bondé ce matin. Comme tous les autres de toutes les semaines. Les hommes en cravates côtoient pour quelques minutes femmes psychopathes et étudiants en savates. La traversée de Paris mélange au gré des stations le contenu du train de banlieue.
La Défense. Port d’attache des attachés cases. Les cravates vont à terre, laissant poursuivre les savates jusqu’à Nanterre. Escalators, escaliers, marche jusqu’au parvis pour atteindre la tour dressée au fond de la place telle un poteau de supplice. Fourmis rejoignant leurs repères, les hommes s’affairent jusqu’aux portes vitrées automatisées des hauts immeubles, symbole de la réussite de leurs patrons.
Nouveau portillon. Contrôle du badge. Signe de tête au portier.
Enfin, il est là.
Les fourmis pénètrent dans l’antre étroite et feutrée. Ils ont de l’allure, ces femmes en tailleur, ces hommes en cravates.
Un doux bip signale la fermeture des portes du paradis de la lumière artificiel. Plusieurs boutons sont allumés : certains connaîtront 10 arrêts avant de rejoindre leur office. Ce sont les plus sérieux : leur élévation dans les tours de La Défense est une mesure tant de leur réussite que de leur importance. En somme un signe d’élégance.
Mais…
Quelle est cette odeur ?
A la fois familière et inattendue ?
Humaine et impromptue ?
Les hommes et les femmes importants sont incommodés : il s’agit forcément d’un ignoble pet !
Pourtant, personne ne bouge. Pas même le petit doigt, de peur d’être désigné coupable de l’acte lamentable. A moins qu’ils ne feignent de ne point sentir pour ne pas s’impliquer ? Nul ne saura jamais.
Mais… Plus tu iras haut dans l’ascenseur, plus tu profiteras de l’odeur de flatulence.