Moi
Pas le choix,
Je crois…
Pourquoi ?
Je dois vivre avec mon Ego.
En permanence.
Cette présence est difficile. Je le sens ce juge sur moi qui soupèse, jauge chacun de mes actes.
Pas moyen d’échapper à cet œil de lynx juché au creux de mon être. Il influence mes actes, m’interdit toute lâcheté, m’oblige à me montrer sous mon meilleur jour. A cause de lui je me sens épuisée, vidée de toute humanité.
De guerre lasse, j’ai voulu m’en débarrasser.
Avec lui, je suis monté en haut d’une colline, à un endroit que les nuages n’atteignent pas. Les arbres croulaient sous le poids de leurs fruits dodus, à l’ombre desquels un ruisseau serpentait dans un doux clapotis. Sur l’herbe claire je l’ai déposé. Le regardant droit dans les yeux, je l’ai supplié de rester là quelque temps. J’ai fait appel a sa raison, pleuré, tapé du pied. Il n’a rien voulu savoir.
A peine lui avais-je tourné le dos qu’il était déjà de retour sur mes talons.
Je suis allé au fond d’une grotte sombre et tiède. La flamme de mon flambeau projetait des ombres inquiétantes sur les murs irréguliers creusés par le temps, des stalagmites élancées se dressaient face aux pessimistes stalactites, opposantes permanentes. Je lui ai proposé une partie de cache-cache. Il a accepté. Il s’est tourné vers le mur et a commencé à compter « un, deux, trois… ». Je suis sortie de la grotte à pas de loup.
Cent secondes plus tard, il était là. Il s’est même moqué de ma cachette, si évidente a trouver pour lui.
Je suis allé au bord de la mer. J’ai sauté dans les vagues, espérant qu’un rouleau le décrocherait. Il est resté accroché à mon esprit comme un chewing-gum à une chaussure.
J’ai prit la mouche. « ASSEZ ! » lui ai-je crié, partant à la nage vers le large.
Il n’a pas comprit.
Mais il n’aime pas perdre pied.
Alors il est resté sur le rivage, Ego scintillant sur la plage.
Enivré par cette liberté trouvée, j’ai fait du dos crawlé. Le dos dans la mer, le visage vers le ciel, j’étais heureuse. Mes bras moulinaient l’un après l’autre, en rythme. Mes pieds battaient avec douceur l’eau salée.
Je chantais, rêvais, riais.
Je ne l’ai pas sentit arriver.
Un éclat de son aileron d’acier luisant au soleil a troublé mon regard, son corps souple et froid a frôlé le mien.
Il était trop tard, j’ai été dévorée par le requin.
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